Literatura

LXVI LE JEU (wiersz klasyka)

Charles Baudelaire

Dans des fauteuils fanés des courtisanes vieilles,
—Fronts poudrés, sourcils peints sur des regards d'acier,—
Qui s'en vont brimbalant ŕ leurs maigres oreilles
Un cruel et blessant tic-tac de balancier ;


Autour des verts tapis des visages sans lčvre,
Des lčvres sans couleur, des mâchoires sans dent,
Et des doigts convulsés d'une infernale fičvre,
Fouillant la poche vide ou le sein palpitant ;


Sous de sales plafonds un rang de pâles lustres
Et d'énormes quinquets projetant leurs lueurs
Sur des fronts ténébreux de počtes illustres
Qui viennent gaspiller leurs sanglantes sueurs :


— Voilŕ le noir tableau qu'en un ręve nocturne
Je vis se dérouler sous mon œil clairvoyant ;
Moi-męme, dans un coin de l'antre taciturne,
Je me vis accoudé, froid, muet, enviant,


Enviant de ces gens la passion tenace,
De ces vieilles putains la funčbre gaîté,
Et tous gaillardement trafiquant ŕ ma face,
L'un de son vieil honneur, l'autre de sa beauté !


Et mon cœur s'effraya d'envier le pauvre homme
Qui court avec ferveur ŕ l'abîme béant,
Et, soűlé de son sang, préférerait en somme
La douleur ŕ la mort et l'enfer au néant !



przysłano: 5 marca 2010

Charles Baudelaire

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